La définition donnée par l'UNESCO, qui a inscrit l'acupuncture au "patrimoine immatériel de l'humanité" en 2010, est très représentative de ce qu'est la véritable acupuncture traditionnelle :
« L'Acupuncture Traditionnelle forme un art thérapeutique qui élabore son raisonnement diagnostique et thérapeutique sur une vision énergétique Taoïste de l’Homme et de l’Univers. »
Acupuncture chinoise
Le Ling Shu est l'un des trois textes fondamentaux de la médecine chinoise ancienne. Avec le Su Wen et le Nan Jing, le texte initialement transmis sous le nom de Zhen Jing, Classique des aiguilles, constitue la base d'une tradition médicale vieille de deux mille ans qui est restée vivante jusqu'à nos jours. On a retrouvé des aiguilles en or et en argent vieilles de plus de 4 000 ans, ce qui confirme l'histoire millénaire de la médecine chinoise.
Caractéristiques de l'acupuncture chinoise
En Europe, c'est le style chinois d'acupuncture qui domine. Ce style d'acupuncture a été standardisé sous Mao Tse Tung, afin qu'il puisse être adapté à la vision matérialiste du monde. Les thèses et écoles fondamentales, souvent contradictoires, qui ont longtemps existé en parallèle en Chine, ont ainsi été supprimées. La MTC moderne se limite au minimum dans ses fondements philosophico-daoïstes. Cela a énormément simplifié le transfert vers les thérapeutes occidentaux. Cependant, l'Occident s'ouvre aussi de plus en plus aux approches plus anciennes de la médecine chinoise, comme c'est le cas depuis longtemps pour l'acupuncture japonaise.
Acupuncture japonaise
Il y a environ 1400 ans, des moines bouddhistes venus de Chine ont introduit l'acupuncture au Japon. Traditionnellement, l'acupuncture était une profession réservée aux aveugles et interdite aux thérapeutes voyants. Une condition préalable importante pour la pratique de l'acupuncture était un sens du toucher fin, qui était initialement réservé aux aveugles.
Caractéristiques de l'acupuncture japonaise
Au Japon, on attache une grande importance à la palpation et au toucher de la paroi abdominale. Dans le diagnostic dit Hara (diagnostic de la paroi abdominale), le thérapeute tente de ressentir les tensions et les durcissements de l'abdomen afin d'établir un diagnostic individuel. Le diagnostic des voies est également pratiqué ici afin de tirer des conclusions sur les organes et les méridiens affectés.
L'utilisation de différentes techniques de moxibustion est typique de l'acupuncture japonaise. On applique le moxa au cône, à l'aiguille, au grain de riz et au fil.
Comparaison de l'acupuncture chinoise et japonaise
Outre le diagnostic classique chinois de la langue et du pouls, il existe au Japon le diagnostic Hara, déjà mentionné, dit diagnostic abdominal.
Au Japon, une grande importance est accordée non seulement à la formation théorique, mais surtout à la pratique et à l'affinement de son propre sens du ressenti.
Les aiguilles d'acupuncture sont également différentes. Les aiguilles japonaises sont plus fines et souvent entourées d'un tube de guidage en plastique. Classiquement, un tube guide est utilisé au Japon lors de l'aiguillage, ce qui permet une technique d'aiguillage indolore avec des aiguilles très fines.
En Chine, en revanche, les tubes guides sont rarement utilisés et l'aiguille est insérée avec un léger mouvement de torsion, qui peut parfois être perçu comme douloureux.
Les raisons des différentes techniques
On dit que les différentes catégories de personnes nécessitent des méthodes de traitement différentes. Par exemple, les travailleurs ruraux vivant en Chine ont tendance à être de constitution plus robuste et à travailler physiquement plus dur que les citadins japonais, plus sensibles.
Les Japonais ont donc cherché une méthode d'acupuncture plus douce que l'acupuncture chinoise classique.
Shonishin pour les hypersensibles et les enfants
La technique d'acupuncture japonaise Shonishin montre qu'il n'est pas toujours nécessaire d'avoir un stimulus maximal de la douleur pour déplacer quelque chose. Dans le traitement Shonishin sans aiguille, les points d'acupuncture sont caressés et pressés plutôt que piqués. Cela peut être suffisant comme stimulus de traitement pour les enfants et les patients très sensibles.
Rédigé par : Christophe Bejach