Contes des sages du Japon – Le philosophe et le moine

Les contes des sages du Japon est un recueil de Pascal Fauliot, aux éditions Seuil, réunissant pas moins de 32 contes zen ainsi qu’un glossaire de quelques termes japonais utilisés dans le livre et tout cela dans un beau livre de 236 pages. Afin de vous mettre l’eau à la bouche, je vous présente le résumé d’un de mes contes zen préférés dont vous trouverez une très belle adaptation dans le recueil du fameux conteur Pascal Fauliot.

Le philosophe et le moine

Un professeur d’université, spécialiste des religions comparés, débarqua un jour au Japon en provenance de son Amérique natal. Il réussit à obtenir un entretien avec un moine zen émérite (Nan-In). Le moine l’accueillit et lui fit l’honneur de lui proposer d’être son hôte lors d’une cérémonie du thé. Cependant cet intellectuel occidental, dont l’esprit affamé de connaissance ne tient pas en place, commence à abreuver le moine de questions que le traducteur gêné transmet tant bien que mal en tentant désespérément de signifier à ce malotru occidental que ce n’est pas le bon moment. Le moine imperturbable continuait sa cérémonie. Cependant un fait curieux se produisit, Au moment de servir le thé, il remplit la tasse et continua à verser alors qu’elle était déjà pleine. L’érudit américain étonné dit au moine : – Maître que faites-vous? le bol déborde et vous continuez de le remplir?! – Et oui, répond le moine, en regardant son hôte avec un sourire ironique, ce bol déborde tout comme votre esprit. Comment voulez-vous que je puisse y ajouter quelque chose?! En effet, l’esprit de ce professeur est semblable à cette tasse pleine, rempli de ses opinions personnelles et de ses propres pensées. Comment pourrais t-il aborder le zen sans tout d’abord vider sa tasse (son esprit) ? Nos opinions personnelles nous rendent sourds à la sagesse des autres. La plupart du temps, quand deux personnes discutent, elles ne font qu’affirmer leur propres opinions. Il en résulte qu’elle n’entendent que ce qu’elles-mêmes disent (ou veulent entendre) et n’apprennent rien de nouveau. N’oubliez pas que l »accumulation d’informations superficielles ou non comprises empêche la découverte de soi, de nouveaux savoirs. Il faut savoir garder son esprit ouvert au possible.

Rédigé par : Christophe Bejach

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